Moteur : 1099 cm3, 4 temps,
bicylindre en L, alésage 104 mm x course 64,7 mm, refroidi par
eau, distribution desmodromique 2 ACT et 4 soup./cyl., injection
électronique, 6 vitesses, démarreur électrique, transmission par
chaîne Version libre : 160 ch. (117,8 kW) à 9 750 tr/min, couple
12,5 daN.m à 8 000 tr/min
Partie cycle : cadre : treillis tubulaire en acier,
fourche inversée diam. 43 mm, mono-amortisseur AR, freins AV 2
disques diam. 330 mm semi-flottants / étriers radiaux monoblocs
4 pistons - AR disque diam. 245 mm / étrier 2 pistons, pneus AV
120/70 x 17 - AR 190/55 x 17
Gabarit : empattement 1 430 mm, chasse 98 mm / angle
24,30°, hauteur de selle 820 mm, réservoir 15,5 litres, poids à
sec (usine) 173 kg
Chartres, le 28 mars 2007, une date à marquer dans le
calendrier. Ce sera un jour férié dans la république totonnière.
Ce jour restera dans les annales (mais non pas dans ton cul,
t’as pas dit où). Faites péter les caisses de Champomi !!!
Après une centaine de kilomètres passés à rouler en RSV 1000
derrière la Ducati 1098 de Papé en rodage, au départ de Chartres
après avoir fait le plein le sieur Papé me tend les clés. Putain
la vache, je vais avoir la chance d’essayer le fleuron de
l’industrie Italienne.
L’aller fut déjà très sympa, la route nous appartenait et on ne
s’en n’est pas laisser compter. On avait de bonnes excuses pour
aller rouler. Il y avait le rodage de la 1098, le rodage du
pilote, c'est-à-dire moi-même, il faisait super beau, enfin
presque, moi j’étais de repos, en forme et puis voila. Tout ça
pour dire qu’on m’a forcé à sortir.
Mais là, je m’égare. Au retour donc, j’ai eu la chance d’essayer
la Ducati 1098. En même temps je suis le pilote officiel et
professionnel des bécanes de Papé. Je peux vous dire que j’ai du
boulot. Non parce que ce ne sont pas des pétrolettes, ni des
tromblons, ni des charrettes à bras, ni des pousses pépé, ni
chiottes asthmatiques, ni des meules poussives qu’il achète le
Papé, c’est du lourd, du très lourd ça tient plus du missile, de
la roquette (elle est facile celle la), de la fusée, de l’avion
de chasse. Alors à chaque fois c’est un grand moment…
Je ne sais pas si vous vous rendez bien compte de l’histoire. La
Ducati, c’est la bécane de mes rêves, c’est une des motos que je
préfère et je ne suis pas le seul. Faut voir le truc, c’est du
pur diamant. Pour moi ça a commencé avec 916, c’était la plus
belle moto du monde, je me disais à l’époque « j aimerai un jour
rouler la dessus quand même »et ça ne m’a pas lâché, si peut
être avec la 999. Mais là, la firme transalpine a renoué avec
l’excellence. Elle est magnifique que dire de plus.
Il n’y a qu’à voir les badauds qui tournent la tête sur son
passage, les attroupements qu’elle provoque quand elle est
garée, une vraie diva.
Donc forcement quand tu montes dessus, que tu engages la clé,
c’est avec émotion que tu mets le contact. Blrlrouuuaaaaa
bllrlrloouuaaaaaa brl blr blr blr blr!!! Les têtes se tournent
et ma oui c’est moi, ma vous mé reconnaissez, ma oui c’est moi
le pilote dé la Doucati !!! Hé hé hé hééééééé !! Le pied, c’te
frime !!
Je viens de tourner la clé, ça fait du bruit et quel bruit, ça
vibre et voila c’est déjà que du bonheur. A bas régime elle
chante déjà la Traviata.
Papé ouvre la route et pan je décolle. Tout de suite, elle
surprend. La position est très particulière, elle n’a rien à
voir avec la RSV. La 1098 est très fine et très compacte. La
mise en mouvement est brutale. A bas régime ça ne rigole pas.
Une fois n’est pas coutume à peine lancé, il va falloir négocier
un joli rond point. Première confortation avec les freins. Pas
de blague, il y a du potentiel. Heureusement j’ai l’habitude
maintenant, je suis sur le qui-vive. J’entre dans le rond point
confiant. Si c’est comme avec la RSV ça va être du gâteau. Et
là, surprise, elle est rétive, il faut la forcer à entrer dans
le virage. Une fois sur l’angle, plus besoin de lutter, le
moteur est assez souple pour ne pas que ça cogne et la sortie
arrive, je suis prévenu je l’engage à droite plus virilement et
pan je tartine en sortie. Blrlrouuuaaaaa bllrlrloouuaaaaaa,
c’est sur ça envoie du pâté et même de la rillette à mi régime.
On commence par des grandes lignes droites. Là, on se rend vite
compte, ce n’est pas une GT. Le carénage et la bulle sont faits
pour protéger des schtroumfs. Faut dire que pour les grands
gabarits, on a fait mieux. Moi j’ai les genoux qui touchent le
retour de carénage. J’essaye la position limande en mal d’amour
qui joue à cache-cache. Ben c’est mort, je suis plutôt en train
d’imiter un éléphant tapis au sol en train se cacher derrière
une motte de terre. Deuxième rond point, je me fais la main,
Blrlrouuuaaaaa bllrlrloouuaaaaaa. Troisième rond point, Bayliss
n’a plus rien à m’appendre Blrlrouuuaaaaa bllrlrloouuaaaaaa hé
hé hé… Quatrième rond point, je vais me la jouer pilote,
bllrlrloouuaaaaaa bop blrlrlrlrlrlrlrouuaaaaaaaaaaaaaaaaaaa… Hé
merde, il n’y a pas de frein moteur. … 1100 cm3 et peau de
balle, un gros gros twin avec moins de frein moteur qu’un 600
quatre cylindres, c’est quoi se délire. Du coup, il faut choper
les feins… Houuuuufff c’est du costaux. J’ai l’impression
d’avoir lâché une ancre de deux tonnes avec une chaine courte
derrière moi. Mais j’avais oublié un détail, le réservoir fait
un angle de 90 degrés avec la selle et il est super étroit donc
pour résumer, on a les couilles dans le réservoir et la sur le
freinage appuyé c’est moi qui chante le Rigolletto… Ca
m’apprendra tiens… Mais la bonne surprise c’est que la Ducati
elle ne s’en laisse pas compter. Ca engage, elle tourne, ça
ressort, bllrlrloouuaaaaaa e tutti quanti.
Après quelques kilomètres, on quitte la N10. Ca devenait dur de
ne pas tourner la pognée en coin pour voir ce qu’il se passait
après ces 5000 Tr/mm.
Papé s’engage sur une bonne route étroite de campagne. Grand
moment de solitude, aïe ouille glups aïe ouille ouille arrrg
ouille... La Ducati, elle n’aime pas les chemins de goudron et
bien moi pas pire (mais non pas l’animal qui mange les fourmis)…
Heureusement, ça ne dure pas longtemps. J’ai du me mélanger
certains os du dos. Nous revoilà lancé sur de la belle
départementale sinueuse. Les virages s’enchainent, je me rends
compte très vite que la 1098 préfère les rythmes plus soutenus,
elle devient facile à piloter, elle rentre dans les virages sans
se faire prier. Le châssis est fantastique, il faut faire
attention de ne pas se laisser griser, la vitesse de passage en
courbe augmente, on a envie de lui en donner toujours plus.
Heureusement il y a ces 5000tr/mm fatidiques mais ça fait déjà
très vite pour certaines courbes. 60 kilomètres de route qui
sont passés sans que je m’en rende compte et pourtant on s’est
un poil égaré.
Arrivée aux Ulis, on se prend une bonne saucée. Je suis trempé,
elle protège autant qu’un Kway en résille. Heureusement le
moteur est assez souple et le retour sur la N118 n’est pas trop
pénible. Une fois en ville, elle se rappelle à mes bons
souvenirs. Elle n’est pas 12,5mkg de couple pour rien.
L’embrayage et dur, les feins sont brutaux, une sinécure… Je
calle a tire larigot. Ca se mérite une Ducati comme ça, elle a
son caractère.
On arrive à bon port, un poil vidé, mouillé mais heureux et
conquis par la belle italienne.
J’ai du mal à descendre non pas que je sois fatigué mais je n’en
ai pas envie du tout. J’irai bien refaire un tour moi. Soyons
raisonnable, pour ma deuxième sortie ce fut encore la fête. Ca
va être difficile de faire mieux.
Ca c’est de la bécane !!! Elle me faisait rêver et bien
maintenant c’est encore pire…
Cette merveille est à la moto ce que la sauce arrabiata est à la
sauce tomate. Vous ne connaissez pas ? C’est une sauce tomate à
l’ail et au piment. C’est super bon, on en redemande mais ça
pique, c’est fort très fort, ce n’est fait pour les pieds
tendres. En gros « arrabiata » ça veut dire « en colère ». Moi,
j’adore.
N’écoutez pas tout ce que j’ai dit, ne courrez pas en acheter
une, il ne faut pas en voir partout. Elle doit rester rare et
précieuse. Elle doit se faire désirer. Comme ça le jour ou vous
aurez comme moi la chance de l’essayer, le plaisir n’en sera que
plus grand.
Eparpillés aux quatre coins de la piste façon puzzle