La Saga courte mais dense de Frédo en Voxan - Épisode 3
Par Frédo
Mais pour l’heure, y en a une qui roule. Le vendeur m’a laissé deux slicks neufs, la vidange faite : alors roule mimile !
Mi-juillet c’est le roulage traditionnel prépa endurance des Tontons organisé de mains de maître sur deux jours par Alain Gomez et se potes d’O3Z. Deux sessions de 20 minutes et deux sessions de 45 minutes par jour, c’est l’idéal pour savoir si la moto est bonne.
Non pas bonne dans le sens efficace, performante. Tout ça, on s’en fout quand on est un poireau, ce qui compte, c’est la banane : le gros couple, les good vibrations, le gros son et tant pis s’il faut se battre avec la machine et même tant mieux, de toute façon ce n’est pas à 40 piges que je vais espérer devenir pilote.
On est donc en juillet 2010 et pour la première fois, je vais rouler en Café racer Voxan sur le fameux circuit du Val de Vienne au Vigeant…
Pour le circuit, je connais un peu, j’y étais avec les Tontons au mois d’avril précédent.
Avec mon vieux 750 SS, histoire de bricoler un peu (comme d’habitude) et de larguer des pièces sur mon vieux pote Lolo histoire de lui rappeler le caractère aveugle de l’amitié.
On sent d’ailleurs dans son regard comme un mélange d’inquiétude et de compassion à la vue de ma moto (contrairement au dégout franc et massif qui anime celui d’Hervé).
Qu’en sera-t-il de la Voxan ? Son amitié l’avait obligé à essayer la ducat’.
Ira-t-il au bout de la franchouillardise de son phraser habituel.
Ou de l’enthousiasme que l’on devinait il y a quelques années encore dans son regard à la vue du Café racer de notre ami Momo.
Pour l’heure, chez les Tontons, en tout cas, l’ambiance n’est pas à la moto exotique.
Ca serait plutôt la R6 mania, ce qui nous place à des années lumières de la moto de caractère.
Tant pis pour eux, autrefois aussi il y avait un petit blond qui résistait encore et toujours à l’envahisseur et son meilleur ami était aussi un grand balaise un peu trop cambré. Cela serait il prémonitoire ?
En tout cas, pour l’heure, la Vox, elle marche, elle marche fort, même.
Détaillons un peu l’engin :
C’est un Café Racer 2001 qui, d’origine ressemble à ça...
Sur celle-ci, bien entendu on a viré l’habillage pour le remplacer par un poly complet de chez Racing Composites
Les silencieux originaux ont été supprimés pour être remplacés par deux Termignoni Alu d’origine Ducati 916 évidés, retournés en position verticale et ressoudés sur un collecteur permettant de les positionner en position haute. L’ancien proprio est chaudronnier de formation, ça aide.
Le système de refroidissement a été amélioré grâce au remplacement du radiateur d’origine par un (beaucoup) plus grand…
Les platines reposes pieds d’origine (en haut sur la photo) sont coupés et ressoudés après une légère rotation pour être placés en position haute et gagner de la garde au sol. Dans le même esprit le repose-pied lui-même est remplacé par un tube téflon taillé dans la masse.
Du coup, il a fallu rehausser la pédale de frein. Ce choix a dû être fait à cause du coût prohibitif des reposes pieds racing produits chez Robby (500€).
Malheureusement, question garde au sol, ça a l’air de rester délicat.
En même temps les pilotes précédents ne sont pas réputés pour être des branques et la vue de leur classement aux derniers 6 heures de Nogaro laisse à penser que je mettrais beaucoup plus de temps à trouver les limites de l’engin.
En effet, à priori, le moteur est resté d’origine, à part une bonne métrologie il est resté à 100 ch à peine. Ils finissent loin à la 39ème position mais, au milieu des Ducati 4 soupapes sur 6 heures avec des chronos en 1’43, pour ceux qui connaissent Nogaro et sa ligne droite c’est plus qu’honorable.
On est donc loin des maxi prépas de Gérard Brousselly ou de Charles Laurent avec 150cv à la roue (aller, encore deux photos pour se rincer l’œil)...
Ce dernier peu poser fièrement au milieu de ses potes du Team Orange Mécanica : ses motos sont des œuvres d’art.
Mais ce qui est rare est cher. Je n’avais déjà pas le budget pour acheter la moto et donc encore moins pour parfaire sa préparation. Il faudra peut-être songer aux talents du bonhomme si la mécanique fait des siennes mais pour l’heure, elle tourne comme une horloge. Il va falloir essayer de mettre du gaz au moins aussi bien que les auvergnats du dit Team Orange.
Mais pas trop, quand même...
Alors, c’est parti pour une petite prise en main.
Désolé Al1 de pomper sur ton site ces photos.
Trop boulette ! Ca marche cet engin ! Plus précisément ça tracte velu !
Pas besoin de tirer dedans, il y a un couple de folie ! Ça me change de mes petits twins 750 Ducati. Moins de tours, moins de changement de rapports, le moteur est un vrai bonheur avec une sonorité digne d’un V8 américain endiablé.
Le caractère est bien présent et plutôt deux fois qu’une. On dirait que j’ai trouvé la Super sport qui manque à la gamme Ducati : un moteur coupleux, rageur, où tout l’agrément est dans les régimes intermédiaires.
Certes, cela manque d’allonge pour un 4 soupapes. Certes, ce n’est pas avec ça que je vais enfumer les 4 pattes dans les lignes droites, mais quel panard !
Question partie cycle, je suis agréablement surpris : la position est très haute et la moto est très lourde en statique, mais en action la lourdeur s’estompe et le train avant est même vif dans le pif-paf, sans doute aidé par une répartition du poids plutôt routière, accentuée sur l’arrière. De ce fait, sans doute, la moto semble aussi moins précise de l’avant et l’on rentre avec pas mal de retenue dans les doubles droits typiques du Vigeant. Peut-être qu’il faudrait descendre un peu la moto dans les tés ou alors c’est l’amortisseur qui fatigue.
Question ergonomie c’est particulier, contrairement aux ducat’s qui donnent l’impression d’être dans la moto et qui supportent d’être menées avec autorité au guidon sans trop déhancher, là, on a la sensation d’être au dessus de la moto et on la pilote naturellement avec le corps en accentuant le déhanché. Enfin, ce jour là, je n’avais pas encore totalement compris ce mode d’emploi du fait d’un certain manque d’angle qui empêchait de se sentir calé sur le slider. Donc, pour la garde au sol, elle est encore insondable…
Comme d’hab’ le problème majeur sur une moto c’est d’abord le pilote.
En tout cas je repars du Vigeant enchanté et finalement très satisfait de ma « connerie » qui n’a pas l’air d’en être une. En plus, à part mettre de l’essence, je n’ai eu aucun souci mécanique du week-end, pas de fuite, pas de pièce égarée sur la piste, rien, une vraie moto « presse-bouton ». Là, c’est une vraie révolution pour moi.
La tristesse m’envahie sur la route du retour : c’est quand qu’on y retourne ?
Eparpillés aux quatre coins de la piste façon puzzle