Certains choix de vie amènent quelquefois à une servilité qui peut se trouver oisive. Car bien que dépendant des strictes dates définies par le ministère, mon statut de fonctionnaire m’oblige à la chôme l’été durant... Notre salaire étant d’ailleurs calculé sur dix mois, puis lissé sur douze…
Néanmoins fin août 2009 et 2010, les vacances de madame finies, le petit dernier encore trop collé à ses jupons(et réciproquement), je décidais de profiter de la dernière semaine de vacances pour partir en père solitaire avec mon aîné.
Destination : le Grand Sud. Objectifs : roulages à Alès et Lédenon, grimpe à Russan, Seynes, Collias, randonnée au Verdon, Baignade, poilades avec les potes du sud et… révisions pour Nathan.
Bien entendu, au niveau de l’éthique, c’est le retour au source avec l’argumentation fallacieuse à dominante éducative : petite tente bi-place, vieux bleuet, matelas mousse de 3 mm, vieux duvet qui pue, lampe solaire, camping municipal ou squat sur les circuit.
Le p’tit gars est prévenu on prend 3 tee-shirts, 3 slips et faudra laver soi-même à la bassine…
Alors on charge la (les) brêle(s) (le 750SS seul en 2009 et le CR Voxan en plus en 2010) sur le plateau, les caisses de pièces de rechange à l’arrière du Multipla en laissant une petite place pour la corde et les dégaines et roule la demi famille.
Descente tranquille par les petites nationales avec une magnifique traversée des Cévennes, des Gorges du Tarn pour arriver gentiment en une bonne dizaine d’heure aux portes du Pôle Mécanique d’Alès.
Pour ceux qui ne connaissent pas : petite présentation.
Le circuit est situé en périphérie de la ville, en haut d’une colline, à l’intérieur d’une ancienne carrière à ciel ouvert. On a un peu l’impression d’être à l’intérieur d’un cratère, c’est moyen pour le panorama, mais c’est surement cool pour les riverains.
Question infrastructure, c’est tout petit, juste deux box pour l’organisation (4G la première fois et TVS la seconde), une salle de resto (pas prévu chez TVS), toilettes hommes, toilettes femmes et idem pour les douches. C’est tout petit, mais c’est clean. Juste un détail, y a pas d’herbe et ma tente n’est pas une tente igloo : comment la planter ?
Hééébah, voilà, suffit de l’accrocher sur la remorque et en plus c’est bien plat : quel confort !
Regardez un peu ce petit déj de pacha dans le soleil levant du mois d’août. Notez l’intérêt des sièges amovibles des monospaces familiaux…
Mais voilà qu’a déjà débarqué mon compagnon du jour. Non, ce n’est pas un Tonton, malheureusement, comme souvent, les projets où la moto n’a pas l’exclusive provoquent une avalanche d’excuses plus ou moins recevables. Tant pis pour eux, ce sera pour une autre fois, peut-être.
C’est le frère d’un ancien tonton que certains ont bien connus : Pascal Denis. Celui-ci avait tenté la piste deux ans plus tôt lors d’un stage à Lédenon avec mon SS.
Mais finalement, la peur de faire des frais l’a mené vers d’autres bécanes bien qu’il conserve encore un style assez rital…
Donc, ce jour là c’est son frangibus Hervé qui, motard de toujours lui aussi, s’est installé sur Marseille et s’est mis à la piste et aussi à la Ducat’. Après l’achat d’un 900SSie, il compte bien progresser sur les circuits du coin.
Et s’achète donc le nécessaire pour celui qui veut y aller pour de vrai : un poly.
Mais on peut être puceau de l’horreur comme de la volupté et qui rentre en Ducati rôde son poly…
Il commence donc sa matinée par rafistoler sa bécane tomber sur son précédent roulage au Luc lors de sa première sortie (il avait oublié de faire chauffer les pneus). A nous deux, pour sur, on fait une sacrée équipe, dommage que la distance nous sépare, ça pourrait faire mal sur les endurances.
Attention ! Nous sommes à Alès et ici il faut passer au sonomètre. J’ai prévu des silencieux de secours, mais je suis joueur, j’aimerais bien savoir combien sortent mes deux tubes vides et bah… regardez bien l’étiquette sur la photo. Ils sont plutôt cool finalement à Ales. À noter même que l’année suivant il n’y a même pas eu de contrôle, rien à voir avec la Ferté Gaucher. Peuchère, cong ! On est bien dans le sud.
Bon aller ! Faut aller rouler comme un vrai mec du sud : à poil et avec une brêle à 60 000 € !
Bon d’accord, c’est vrai que je suis fonctionnaire, je vais quand même pas faire un prêt immobilier pour acheter une brêle. Je garde les lunettes de branleur quand même.
Ok, soyons sérieux, voilà la fine équipe sur le départ.
15 ans d’écart entre les deux brêles mais l’esprit n’a pas bougé… et le reste pas vraiment non plus.
Et Nathan alors ? Pauvre enfant abandonné par son père indigne : pas de problème, il fait du vélo avec les enfants de 4G et en plus un vieux pote grimpeur et motard est venu de Marseille nous rendre visite pour jeter un œil sur le petit et prendre des photos : merci le Steph !
Ça c’est sa brêle et...
... là c’est lui au milieu que je retrouverai plus tard sur les cailloux.
Tout est réglé, alors c’est parti pour découvrir ce petit tourniquet dont on m’avait dit plutôt du mal. Mais comme on est con, autant se rendre compte par soi-même.
C’est cool d’avoir un pote sur place mais attention, lui aussi, c’est un prof et un prof de techno, en plus, c'est-à-dire avide de nouvelles technologies. Et là, il a décidé de tester son nouvel appareil photo.
Ca peut donner du vintage…
On dirait quasi Raymond Roche, il y a 20 ans… Du Old School...
En tout cas, il s’amuse bien.
Il y a aussi un photographe officiel proposé par le circuit et ça permet de garder quelques souvenirs qui flattent l’égo.
J’en profite, pour ceux qui se posent la question d’un éventuel déplacement sur ce circuit lors d’un roulage ou sur une course, pour le décrire un petit peu. Voici son dessin sachant qu’on tourne dans le sens des aiguilles d’une montre.
1 - Quand on sort des stands (en bas à gauche) on attaque de suite par une montée pendant laquelle il faut rester très à droite pour déclencher tard dans un petit gauche avec beaucoup de dévers négatif si on rate le point de corde. Il y a moyen de faire un beau high side pour ceux qui ont des chevaux et, même avec mon poumon de 60 CV, ça dérive gentiment…
2 - En tout cas, il faut accélérer à fond malgré la cassure pour arriver fort à l’entrée de la parabolique sans non plus se crisper sur les freins (on en mange plein à cet endroit qui s’arrêtent presque). À cet endroit avec mon petit machin, je rentre tard et je fais un très long point de corde à la sortie (presque pendant la moitié du virage).
3 - On attaque alors une petite ligne droite en descente (ça aide quand on a un traîne couillon) avant d’attaquer un bon droite, facile, mais couillu à cause de la descente. Il ne faut pas sortir large pour pouvoir rentrer dans de bonnes conditions dans le virage suivant donc, comme d’hab’, il faut rentrer tard.
A noter que l’on charge énormément l’avant à cet endroit et que le bitume est très abrasif. Voilà le résultat...
En tous cas pour prendre de l’angle et travailler les coucougnettes, c’est le virage parfait.
4 - Le virage suivant est un gauche qu’on attaque en descente et dont on sort en montée… d’où une belle compression. Je le prends d’ailleurs comme une mini parabolique sans toutefois trop écarter au milieu du virage en me servant du dévers positif propre à cet endroit.
5 - Il ne faut pas écarter trop pour tout de suite se replacer à gauche et accélérer brièvement pour attaquer le droit suivant dans de bonnes conditions. La piste repasse à plat et il ne faut pas rentrer trop vite et prendre de l’angle trop longtemps en sortie au risque de pénaliser l’accélération qui doit être maximale pour profiter du petit bout droit qui suit..
6 – On arrive alors sur le virage « de merde » du circuit : un espèce de petit droit tout miteux, tellement fermé que le Rond-point de Maison-Blanche (au Mans) c’est un grand virage à côté.
Avec ça, le bitume est un vrai champs de bataille : raccords, trous, tâche de résine, etc. Il y a dû y avoir un nombre incalculable de chutes à cet endroit. Le freinage est très prononcé (style Hôtel à Carole) et il faut déclencher en lâchant le frein d’un coup, tout coucher et tout redresser le plus vite possible sous peine de rester définitivement à terre.. Rien que du bonheur !
7- Le virage suivant est un peu particulier, voir franchement compliqué. On peut le considérer comme un triple gauche. On essai d’y entrer avec le plus de vitesse possible, mais la sortie du virage précédent étant très proche, le temps d’accélération n’a fréquemment pas été satisfaisant (sortie trop large). De plus, comme on y rentre en descente et avec peu de visibilité lointaine, on a tendance à relâcher les gaz trop tôt, voir à prendre les freins (encore cet éternelle problème de couilles).Par ailleurs, il ne faut pas rentrer trop intérieur direct sous peine d’élargir méchamment et de manquer le premier vrai point de corde (si l’on a déjà pris le vibreur c’est que l’on est vraiment sorti trop large du rond-point : le changement de couleur du bitume à mi-piste aide fortement à savoir si l’on s’est raté ou non. Mon collègue en Ducat’ sur cette photo me laisse un énorme boulevard sur cette photo qui illustre bien le problème.
À partir de cette première corde, ...
... on se laisse aller à peine à mi-piste sur le filet en se concentrant sur la corde suivante et en commençant à rouvrir tranquillou.
En fait, le point de corde suivant sert quasimment de repère de déclenchement pour le droite en montée qui va suivre.
8 - Il faut tenter d’accélerer un maximum avant d’y entrer car la vitesse que l’on aura su y conserver commande l’entrée du virage précédent la ligne droite.
Malheureusement, comme on arrive en montée et que la piste redescend dès le point de corde, on est vraiment en aveugle… On a donc une grosse envie d’arriver tranquille.
Nombre de personnes se sortent donc à la sortie de ce virage en prenant les freins au lieu de déclencher le grand droit suivant qui commande la ligne droite. Le regard doit absolument se focaliser très loin et très tôt vers l’intérieur de la piste sous peine de tirer tout droit dans le bac…
... à galets !
Et oui ! C’est une piste à vocation automobile et… les galets ça fait mal aux motos mais aussi au bonhomme.
En effet, en rentrant dans le bac, au lieu de faire la charrue, comme d’habitude, dans les graviers, on croise les skis direct et, donc, dans l’effet de surprise, on se broye le ligament acromio-claviculaire tout en ruinant son poly…
Heureusement l’année où je suis tombé, le roulage d’Alès concluait mes petites vacances avec mon fiston. Il s’agissait alors de la dernière série du jour. J’ai donc eu le temps de remballer et de faire la route jusqu’à Paris avant de m’apercevoir que mon épaule ne bougeait plus…
Conclusion : c’est pas sympa de la part des potes de ne pas m’accompagner, ça met en danger mes enfants.
9 - En tout cas, si on s’est pas mis dans le bac, on essai de rentrer très fort dans le grand droit suivant qui descend pour garder un maximum de vitesse avant d’attaquer la ligne droite.
10 - Heureusement pour les petits gars dans mon genre qui se traînent avec un étron déjà poussif il y a 20 ans : la ligne droite est courte. Elle permet d’attaquer un grand droit en montée dans lequel il faut de tenter de rentrer très vite en descendant juste progressivement les rapports en restant bien sur la droite en sortie. Encore un virage couillu où les différences de vitesse entre les motos sont très importantes dans le niveau intermédiaire.
Et voilà pour un tour du circuit d’Alés. Franchement, je le trouve très sympa, varié technique. Il est surtout très adapté aux petites motos qui sont favorisées dans les entrées de virages mais aussi dans les sorties car les temps d’accélérations sont très courts tout autant que les vitesses unitaires globalement peu élevées.
En tous cas la deuxième année, je n’utiliserais finalement pas la Voxan tellement je me marrais avec ma petite Ducat’ sur ce circuit.
Mon pote en 900 SSIE partage également mon avis et y retourne très volontiers quand il ne tourne pas à Lédenon, surtout en reprise de saison. À chacun de voir à quelques galets prés…