Vacances Grand Sud Sauce Frédo - Épisode 3
Lédenon en Voxan, ce n’est pas technique, c’est onirique
Par Frédo
Au détour de nos sentes rocailleuses, ce soir, la petite route sinueuse ne nous a pas conduit, Nathan et moi, jusqu’à je ne sais quel synclinal perché. Nous sommes dans un désert de bitume, dont le noir se confond avec celui de la nuit tombante. Le thermique du soir se lève en même temps que se couche le soleil tout en haut de ce promontoire.
Contemplant l’horizon de toute part, nous sommes sur le circuit de Lédenon et demain sera une autre histoire…
La nuit s’achève sur le parking, mais déjà l’angoisse réveille les vieux motards tout affairés à tuer leur peur.
Seul l’enfant s’étire dans un réveil paisible entourer de quiétude avant le fracas des moteurs.
Seul compte pour lui son amour aveugle qui partout ou n’importe le laisse heureux de vivre les délires de papa.
On est t’y pas bien sur son petit siège à prendre son p’tit déj tout calé sur un pneu ? Mais au fond de toi mon tout petit gars qui de lui ou de toi c’est le plus fada ?
Qui de la caisse à outils ou des pains au chocolat sera le sauveur de notre journée ?
Est-ce bien raisonnable à 40 balais de dormir dans un coffre dans un vieux duvet ? De courir les circuits au fin fond du sud ? Tout ça pour croire, encore et encore, à la douce mémoire d’une adolescence perdue.
Mais là la prise de conscience est sauvage, car on est pas chez les boutonneux ici et dès l’entrée du Triple gauche, on a bien compris, on est chez les hommes, les vrais, les tatoués, les gros couillus, fiers en bourses : ici c’est Lédenon, c’est pas pour les mectons !
Il faudrait rentrer à fond à la première corde, tomber un rapport à la deuxième et tout balancer à la troisième… ?!
Mais elle est bien raide, la corde, et dés la deuxième, faut remettre gaz pour pas que ça ne se voit de trop qu’on était arrêté depuis bien longtemps déjà.
Et là ?! D’habitude à la fête foraine, les montagnes russes ça fait peur pour de rire et quand c’est parti, c’est parti, on peut fermer les yeux et se laisser envahir d’un doux vertige liquoreux. En fait, c’est plutôt prévu pour le petit dèj d’une certaine polonaise…
Et voilà qu’on reprenait ses esprits en sortant du Triple, mais nous v’là tout surpris après un petit droite : le sol se dérobe sous les roues, la montagne s’affaisse, l’estomac se satellise et les viscères se nouent, c’est plus une descente, c’est de la chute libre…
Fi de mes origines, il faut bien y aller, ça suffit pas de se dire qu’au niveau technique c’est du tout simple : il suffit de rentrer tard qu’il disait, moi je veux bien mais dans un virage aveugle ça sent plutôt le hasard en guise de trajectoire…
On pique droit sur un arbre qu’on croirait entouré de quelques fleurs funestes et d’icônes funèbres (cela vaut bien un petit décomposé, photographique).
On se tasse les roustons sur un raccord mesquin et va s’y que je remonte avec mon bol alimentaire. On respire un peu, semblant regagner la lumière du fond de l’abysse pour se rassurer la virilité dans un freinage classique, d’une bonne poigne énergique pour un vieux gauche cacique fier à plat. et… plus rien, de nouveau, l’apnée totale, du Jacques Mayolle sans la Rosanna pour réconfort…
Vas y que je redescends et, de tours en tours, c’est la totale honte de temps indécents. Donc pas de commentaires pseudo techniciens sur les trajectoires.
Après ces deux descentes, Carrièrasse et Camion qui font du courage un vestige, vient le Fer à Cheval.
Pour ceux qui rentre tard à l’horizontal, même pas bourrés (enfin presque), ils peuvent accomplir leur dernière descente pour parfaire leur vertige dans quelques virage enchaînés à eux mêmes.
Il leur faudra tout planter (de toute façon) avant de tourner le gauche qui mène à l’échelle suprême du maître couple, dans la libération vengeresse de quelques pownies à peine débourrés. C’est alors que certains préfèrent rentrer directement à l’enclos tout en se faisant le mur, ou bien, de profiter du joli ruban d’asphalte allant mourir au couchant dans notre Triple faute…
Il en faudra des tours (et beaucoup de vacances) pour envoyer la purée sur ce superbe tracé. C’est à peine une mi-mole qui, timide, se pointe après déjà trois journées en deux années passées. Alors, dans les mauvaises excuses pour vieux male miteux, j’invoquerais bien la béquille fallacieuse d’une moto difficile. Car la belle bleue en images suit la voie des volcans, chaude et rocailleuse elle ne se laisse pas faire. Beau concentré de rage, rauque et rugueuse c’est un Café Racer, fabriqué chez Voxan. (ne pas prononcer comme un âne et penser au diamant).
Objets inanimés avez-vous une âme ?
Pour sûr, bien cachée dans un cœur à 72°.
Les projets les plus saignants n’auront le temps de germés pour rendre les belles un peu plus faciles.. L’avenir est bien mort en même temps que la marque.
Alors, pour conjurer le sort et conjuguer au présent les relicats du passé, bon an mal an, ici ou ailleurs, quelques résistants rouleront en Voxan.
Eparpillés aux quatre coins de la piste façon puzzle