L'histoire a commencé en 2008, Un ami, Lolo, et moi décidons de faire une course d'endurance moto en 2009, une réservée aux poireaux bien évidemment car nous ne sommes pas champions de monde et nous ne le serons jamais !!! Le problème, c'est qu'en 2008, je fais plus de 180 kg et que ma tension est au top (je vous rappelle qu'en novembre 2007, je me suis retrouvé en soins intensifs cardiologiques car j'avais 26.10 de tension...) donc mon gentil médecin me refuse ma licence, à juste titre !
Donc mon co-pilote prend un remplaçant, Paul, un vrai pilote qui a couru plusieurs courses de 24 heures (Bol d'or, 24 heures du Mans and so on...) et qui a fait le championnat de France d'Endurance qu'il a gagné deux fois, un vrai pilote quoi ! La course se passera bien à l'exception d'une vis d'étrier de frein récalcitrante lors du changement de pneus rendu nécessaire suite à des variations météorologiques... (Lire le CR)
De mon côté, début 2009, je me fais opérer pour faire une grosse modification de tuyauterie qui me permettra de perdre du poids et fin juin, ayant déjà perdu de nombreux kilos, mon médecin me redonne ma licence et l'entraînement peut recommencer. Outre le plaisir de faire de la moto, cette course m'a servi de béquille pour améliorer ma santé. Donc, durant juillet et août, je fais quelques circuits comme le Vigeant, la Ferté Gaucher, Carole où je testerais l'abrasivité du bitume ainsi que la résistance de ma combinaison... Même pas mal !
Courant décembre, j'anticipe mon cadeau de noël en cassant ma tirelire et en faisant appel à mon banquier pour m'acheter un R1 de la mort qui tue, une vraie balle de guerre qui a fait le championnat de France SBK en 2007, la Michelin Power Cup en 2008 et quelques courses en 2009... Le gars qui me l'a vendue m'a dit qu'elle faisait au moins 190 cv, perso je sais pas, c'est trop et ça fait peur... Je ne connais pas encore la butée d'accélérateur !!!
Pour financer cet avion de chasse, j'ai été obligé de vendre mon 600 CBF et mon Thunderace que j'adorais malgré un aspect discutable s'il en est...
Durant tout l'hiver, je prépare ma brèle, j'achète des pièces de rechange, des jantes pour les pneus pluie et tout et tout... Pour être franc, entre l'achat de la brèle et celui des différentes pièces j'ai du débourser au moins 11 ou 12 000 euros... C'est cher, non ?
C'est pas le tout mais la moto se prépare mais le pilote pas vraiment... J'ai un pote enseignant de référentiel bondissant, pour ceusses qui n'auraient pas compris, il est prof de gym, qui me concocte un petit programme de remise en forme à base de vélo, de musculation et tout et tout. Que les choses soient claires, faut vraiment n'avoir rien d'autre à faire d'intéressant pour faire du sport ! C'est chiant ! Mais bon, il faut savoir ce qu'on veut et comme je veux profiter de ma course, je transpire chez moi...
L'entraînement commence en mars... à Lédenon... circuit pour gros coeurs car très vallonné, avec des virages que tu ne vois pas avant d'y être, des cuvettes où tu ne vois que le bitume autour de toi et que pour résumer, tu ne sais pas où tu dois aller... Enfin, le truc de dingue !!! Je ne parle même pas de la ligne droite des stands, où quand tu sors du gauche qui la précède, ça monte tellement que tu ne vois que le ciel et le sommet d'un mât que tu dois viser pour bien sortir, sauf que ce mât est derrière le muret des stands et qu'à un moment ou à un autre il faut viser autre chose...
En avril, ne te découvre pas d'un fil et va au Vigeant, premier entraînement de l'année sur le circuit où nous ferons la course. Malheureusement, j'y arrive fatigué par le boulot, je ne connais pas encore bien ma moto, je n'ai roulé que deux fois avec et, de plus, elle est très mal réglée, donc je n'y arrive pas et je fais moins bien avec le R1 qu'avec le Thunder, c'est vous dire... Pour couronner le tout, un pote se vautre et celui qui est derrière n'arrive pas à l'éviter et lui roule dessus... La trace de pneu sur la combarde et sur le casque est impressionnante mais ce n'est rien car le pote ne sais plus où il est, ne se souvient du jour que pour une seule raison c'est l'anniversaire de sa mère. Il est complètement désorienté et est conduit au CHU de Poitiers. J'ai le moral au fond des chaussettes. Ce fameux pote, Tex pour ne pas le nommer, roule très fort sur la route et c'est moi qui l'ai incité à faire du circuit lui affirmant que c'était moins dangereux que la route, donc je me sens un peu "reponsable"... Outre le fait qu'il roule comme un dingue sur la route, il a un caractère de cochon si bien que môôôssssieur ne veut pas rester à l'hosto et moi qui suis déjà très fatigué, je suis obligé d'aller le chercher à Poitiers, à 70 km du Vigeant, à 1 h 30 du matin... Conclusion, mon WE est pourri et le moral en prend un sérieux coup pour la course d'août avec l'apparition de tonnes de doutes sur le fait d'être prêt ou pas, d'avoir envie ou pas, enfin que des questions existentielles...
Le boulot me monopolise et je n'ai pas le temps de trop travailler sur la moto et comme pour une course il y a des règlements spécifiques pour tout ce qui fluide (eau, huile, liquide de frein...) ainsi que la fixation de divers petites merdes à gauche à droite. Donc la pression monte.
En plus, en juin débute le Trophée d'endurance O3Z, que certains de mes potes font en entier soit 5 courses (6 à l'origine mais une a été déprogrammée pour des raisons que nous qualifierons de politiques). La première course se passe mal pour l'un d'entre eux puisqu'il est toujours en arrêt de travail à ce jour.
En juillet, direction Pau, le circuit d'Arnos, où mon co-équipier fait une course avec le vrai pilote de l'année dernière et là je suis mécano pour me mettre dans l'ambiance. Superbe course sur un circuit bien sympa mais une peu court.
12-13 juillet : nouvel entraînement au Vigeant !
Le lundi matin, il pleut... chouette, je vais pouvoir essayer les pneus pluie !!! Qui a dit : "malade !!!!". Entre midi et deux le soleil se lève. Mon co-pilote fait sa première séance sur ma brèle pour l'essayer vu qu'il va faire une course avec. Il rentre au stand et c'est moi qui repars avec une brèle toute chaude surtout les pneus !!! Terrible ! Moi aussi je suis chaud comme la braise, j'envois du gros pâté et je me sens super bien... jusqu'au deuxième tour... Je foire une trajectoire et monte un peu sur le vibreur à l'intérieur du virage... sauf que je suis beaucoup sur l'angle et que le repose pied s'accroche dans le vibreur et casse net... Quand tu es déhanché avec tout ton poids dessus, ça fait drôle ! La moto étant prête pour la course, il y avait déjà les numéros de course dessus et quand je les ai vus de face, je me suis que quelque chose n'allait pas... La moto traverse tout la piste, prend de la hauteur grâce au vibreur extérieur, retombe lamentablement sur le bout de bitume rajouté avant le bac et s'enterre dans ce dernier comme si elle voulait se cacher après ce qu'elle m'avait fait...
Moi qui me foutait de la gueule des pilotes de GP qui ne sont pas foutu de relever leur brèle dans un bac, je découvre que ce n'est pas si facile que ça et j'attends gentiment les commissaires de course et le camion... Retour piteux au stand où les potes sont contents de voir que je n'ai rien en dehors d'un gros hématome sur l'avant bras mais genre oeuf de dinosaure... Rien à la jambe qui est passée sous la moto, rien à la main non plus et pourtant quand je regarde l'état des protections carbone des gants, je me dis que ça a du bien taper/frotter...
Je fonce au centre médical pour un contrôle rapide et de retour au stand je me mets à démonter la brèle pour changer les pièces cassées, persuadé que le lendemain matin, je repartais tourner. Mais, une fois ce qui reste du carénage retiré, je me rends compte que la boucle arrière est cassée et je n'ai pas apporté celle de rechange... Les boules !!! Heureusement que mon co-poireau m'a obligé à faire quelques sessions avec la sienne, ça m'a permis de me remettre dans le bain.
Nous sommes à 3 semaines de la course et ma brèle a bien mangé : le carénage est mort, le radiateur en vrille, la boucle arrière cassée, les durits de frein arrachées, le maître-cylindre HS, le guidon tordu... Le moral n'est pas au beau fixe. Comme si la pression de la course ne suffisait pas, je me rajoute une gamelle juste avant... Faut y pas être con !!! Quelques jours avant le départ pour le WE de course, la brèle est prête, re décorées, redressée, réparée... Et pour tout dire, je suis assez fier d'y avoir réussi parce que quand même. Je suis également reconnaissant à mes potes qui m'ont bien aidé, notamment Lainlain qui m'a sauvé mon radiateur alors que je n'y croyais pas un seul instant...
Enfin la course
Donc en conclusion nous arrivons au circuit le mercredi soir d'avant la course et je n'ai que très peu de kilomètres au compteur avec la R1. J'ai une trouille monstre. heureusement, il y a une journée d'essais libres le jeudi. Tout se passe bien, pas de chute, pas de panne...
Le vendredi la pression monte ! C'est la première séance de qualification et là, je vous promets que tu n'en mènes pas large, partagé entre le fait de faire un bon chrono pour être qualifié et de ne pas trop en faire et de se vautrer. Dans un cas comme dans l'autre, ton week-end est foutu et je peux vous dire qu'un certains nombre de pilotes en ont fait la douloureuse expérience !!! J'arrive un peu tôt en pré-grille et du coup, je dois patienter et voir tous ces malades qui arrivent le couteau entre les dents prêts à en découdre alors que moi, je suis mort de trouille... Mes potes sont autour de moi, me donne à boire, me protège du soleil, me réconforte et moi je suis fermé comme une huître, les mâchoires serrées, le regard au loin sur le point de corde de la ligne bleue des Vosges... C'est parti au milieu de tous ces sauvages, maman, j'ai peur ! Mais bon ça se passe pas si mal que ça...
Résultat de la qualif, j'ai amélioré mon meilleur temps jamais réalisé, même s'il reste pitoyable, nous sommes qualifiés et je n'ai pas fait le plus mauvais temps... Yeaaaah, I'm the best !!! Je ne vous parle même pas du temps qu'a fait mon copilote car il a un gros problème : il ne jure que par Kawa, et il a explosé son meilleur temps avec une Yam... Il est en pleine dépression... Lolo, si tu me lis, moi aussi je t'aime...
Étant donner que nous nourrissons et hébergeons toute une équipe (un team manager, un chef mécano, un pompier-mécano, un pompiste-mécano, une mécano, deux chronométreuses...), nous avons décidé de les occuper... Vas-y que je te change, une couronne, des pneus que je te contrôle tout ça, que je te fais des calculs de consommation... Enfin, pendant que les pilotes font le tour du paddock pour aller saluer les potes, l'équipe bosse à fond... C'est bon d'être du bon côté du manche...
Comme nous sommes maintenant détendus du gland, vu que nous sommes qualifiés, la séance du samedi matin parait presque facile ! Pareil RAS...
Après les qualifs, re-changement de pneus, toujours occupé l'équipe, l'oisiveté est mère de tous les vices, re réglage, re réfléchissement Jean-Pierre sur la stratégie de course en fonction de chaque pilote, entraînement au ravitaillement, au changement de roues en course (mois de deux minutes pour les deux roues à 4...) entraînement au départ... et l'après-midi du samedi se passe peinard...
Le soir, je fais un peu chier mon monde car je veux me coucher de bonne heure sachant que le départ de la course est à 8 h 30, et que Lolo veut être sur place au moins deux heures avant... C'est chouette la piste, mais il faut se lever tôt quand tu n'es pas bon... bah oui les bons font la vraie finale, c'est de l'après-midi, pas la consolante du matin...
Dire que j'ai bien dormi serait un mensonge, j'ai fait quelques tours de piste, quelques bacs à gravier, quelques chutes... et quand le réveil sonne, déjà ? Oh putain, plus moyen de reculer, il faut y aller !!!
C'est Lolo qui a fait le départ, moi je suis dans les stands, en combarde, prêt à partir au moindre besoin... Je tourne un peu en rond dans le stand pendant que Lolo fait des ronds sur le circuit. Comme cet idiot a choisi un co-poireau qui n'avance pas, il se retrouve en finale B alors qu'il fait des temps de finale A et passe son temps à doubler des poireaux. Du coup lorsqu'il rentre au stand après avoir fait un relais d'une heure dix, il me ramène la brèle dans les dix premiers !!! Oh putain ! Un peu de pression en plus, ne pas la lui ramener en dernière position !!!
C'est le moment de se jeter dans l'arène avec les fauves... Rien que la sortie des stands ! Des inconscients arrivent à des vitesses que la morale réprouve et il faut s'insérer dans le trafic sans les gêner et surtout sans se faire percuter... Grosse montée d'adrénaline ! Je pars à toc et je refais mes temps de qualif aux trois premiers tours. Je suis content ! Sauf que je suis tendu comme un string et que je me retrouve avec les avant-bras complètement tétanisés au bout de trois tours... Impossible de freiner fort... Qu'à cela ne tienne, je n'accélère plus dans les lignes droites !!! Je me fais déboîter par des 600 alors que j'ai un 1000 plein de chevaux et j'ai l'impression que je suis à l'arrêt ! Mais bon, mon team manager m'avait fixé un temps à réaliser en course et du coup, vu que je vais moins vite dans les lignes droites, il faut que je passe plus vite en courbe... Il suffit de le dire et du coup j'ai vachement progressé car j'ai fait les mêmes temps sans ouvrir comme un goret. Je me suis trouvé un rythme que j'étais capable de tenir plus d'une heure et lorsque l'on me panneaute de rentrer au stand, je fais signe que je reste en piste... Bah oui, vu que je n'accélère pas, mes consommations ont baissé et du coup, je ne suis pas encore en réserve. Je reste alors encore une petite dizaine de tours et mon relais aura durée près d'une heure vingt ! Je suis super fier d'avoir tenu aussi longtemps.
Je rentre enfin au stand, donne deux ou trois indications et je m'écroule comme une merde au milieu du box... Les larmes aux yeux, épuisé, et je pense que le taux d'adrénaline a tellement chuté au moment où tu te dis le premier relais est fini, que tu tombes ! Les potes sont obligés de me retirer mes gants, mon casque, je n'arrive plus à rien... Heureusement cela ne dure que quelques minutes. Je bois beaucoup, je mange un peu et hop c'est reparti ! En plus je regarde le classement, nous sommes 27ème donc il y en a encore une vingtaine derrière nous ! Je suis le plus heureux des hommes !
Le relais de Lolo ce passe à merveille, enfin je le crois... Il rentre aux stands, on ravitaille, je saute sur la brèle et là... Impossible de démarrer ! La chiotte !!! Le voyant de défaut d'injection est allumé. On me pousse, rien à faire... On rentre la brèle dans le stand et les mécanos commencent le démontage. Recherche dans la doc technique du code d'erreur... Code 11... le manuel dit que le capteur de cylindre (mauvaise traduction, c'est en réalité le détecteur de point mort haut sur l'un des arbres à cames) est défaillant. Nous ne repartirons pas... La haine ! Surtout que j'avais prévu sur ce relais de mettre du pâté en ligne droite et de retrouver mon rythme en courbe...
En gros c'est un peu comme quand le téléphone sonne au moment où tu vas jouir...
Ce qui s'est passé, c'est que durant le relais de Lolo, le voyant c'est allumé mais visiblement, la moto n'en a pas vraiment besoin puisqu'elle tournait toujours aussi fort mais pour faire le plein, on a éteint le moteur, bien obligés, c'est le règlement, et là, l'injection c'est mise en sécurité... PUTAIN D'ELECTRONIQUE DE MERDE !!!!!!
En fait, le fil de ce capteur a frotté contre les pales d'un des ventilos et a finit par se couper... tout ça à cause de ma gamelle du mois de juillet où j'avais tordu le radiateur et donc les ventilos qui y étaient fixés, j'avais tout redressé, enfin, je le croyais...
Eparpillés aux quatre coins de la piste façon puzzle