15h00, ouverture de la voie de stand, nous avons 5 minutes pour prendre la piste et venir ensuite nous positionner sur la grille pour un premier départ pour 2 tours de chauffe, objectifs: chauffer et roder les pneus et les plaquettes.

Je suis moins tendu que je l'imaginais, je discute un peu avec le concurrent à ma droite, je fais coucou au team, en fait je suis trop content d'être là !

Et c'est parti pour les tours de chauffe, je cours, je saute sur la moto, j'appuis sur le démarreur et merde j'oublie de débrayer (ah oui j'ai oublié de préciser que la première est enclenchée), je débraye j'appuis à nouveau sur le démarreur et cette fois-ci ca démarre et GAZZZ. Faudra que je fasse gaffe à pas faire la même connerie dans 10 minutes pour le vrai départ. Je boucle le premier tour de chauffe prudemment, les pneus sont neufs. Le deuxième tour de chauffe sera mené à un rythme un peu plus soutenu, faut quand même qu'il chauffe un peu les pneus ! La sensation de grip est fabuleuse avec un train de slick neuf…

Je termine mon deuxième tour tranquillement, Fanfan est là pour m'accueillir. C'est lui qui va tenir la moto juste avant le départ. Je vais me positionner de l'autre coté de la piste et attendre sagement le signal. Le décompte des 5 minutes est effectué par des panneaux, minute par minute. Après le panneau 1 minute, j'ai les yeux rivés sur le directeur de course, au moindre mouvement je fonce ! La tension monte, nous sommes tous dans les starting-block …

Ça y est, il court, nous aussi ! Je saute sur la moto, je débraye, j'appuie sur le démarreur et gaz ! Tout le monde se gênent une peu, ça bouchonne devant, je suis obligé de couper, un petit coup sur la gauche et je remets gaz (avec un p'tit coup d'embrayage pour aider…). Le premier droite est plutôt encombré, un gars essai de me passer à l'extérieur, il est si près le con que je pourrai appuyer sur son coupe circuit, à la Lolo ;-). Hormis ce premier virage ou c'était un peu n'importe quoi, la suite fut plus propre que je me l'étais imaginé. Et c'est partit pour 1 heure, soit une trentaine de tours…

Les premiers tours se passent plutôt bien, tout juste un extérieur un peu limite dans le Sanglier par l'Aprilia n°7 qui m'a un peu surpris mais ca s'est bien fini.

Les tours s'enchainent, les chronos sont réguliers en 55" – 56" mais la chaleur et la tension du départ et des premiers tours commence à se faire sentir. Je me concentre sur ma respiration, j'ai qu'une idée en tête, BOIRE ! Mais j'ai encore 10 tours à boucler et je me demande comment je vais tenir…

Et alors que je me fais violence à chaque fois que je passe devant le team dans la ligne droite des stands pour ne pas leur faire signe que je veux rentrer, la délivrance, le Safetycar J. Je vais pouvoir souffler quelques minutes. Je lève un peu la visière, j'ouvre la combi et je respire…

J'étais tellement occupé à récupérer que je n'ai pas vu le safetycar sortir et d'un coup ça repart mais dans tout ça je n'ai pas eu le temps de refermer ma combinaison. Il me faudra plus d'un tour en profitant des bouts droits pour remonter ma fermeture. Il ne reste que quelques tours et dans un dernier effort, j'établis mon meilleur chrono de la course dans cet avant-dernier tour de mon premier relais.

Le ravitaillement se déroule sans souci, l'équipe fait un super boulot, Bilbo est prêt, et il part pour son premier relais.

Je suis vidé, Clochette, Tonio, Ronan, Foufoune… (les autres sont au muret) sont là et m'aident à retirer mes gants, mon casque, le haut de ma combi, à m'asseoir et m'apportent de l'eau, je crois que j'ai du boire 1,5l en ½ heure. J'ai rarement été aussi éprouvé physiquement en descendant de moto, même l'année dernière à l'AME à Carole où j'avais pourtant fait un premier relais de plus d'1h15 je n'étais pas dans cet état là.
Je garde un œil sur le panneautage pendant le relais de Bilbo…

Bilbo ne veut rien dire même sous la torture, donc pas de commentaire de sa part...

Et pas de photos non plus et là je n'ai aucune excuse...

Mon deuxième relais Le moment est déjà venu de se préparer pour mon deuxième relais. J'ai bien récupéré, la boisson m'a fait du bien. Bilbo arrive, il descend de la moto et rentre très énervé dans le stand, il a été victime d'une attaque un peu virile pendant son relais et il compte bien aller en toucher deux mots au pilote…

Moi, je repars pour mon deuxième relais, comme d'habitude, l'équipe a été très pro pendant le ravitaillement. Je souffrirais moins "physiquement" que lors de mon premier relais. Rien de particulier jusqu'à 3 tours de la fin où Lolo me fera une petite blague en me faisant faire deux tours de plus (2 tours LAP2 et 2 tours LAP1 avant de rentrer), physiquement ca va mieux que lors de mon premier relais donc cela me fera plutôt sourire sous mon casque même si je fais des gestes démonstratifs en passant devant le panneautage en m'apercevant de la supercherie. Est-ce à cause de cela ? Toujours est-il qu'une seconde de déconcentration dans l'avant dernier tour me fera mordre sur le premier vibreur dans le double droite qui précède la ligne droite de derrière. Je suis déséquilibré et je file tout droit vers le bac à gravier et là je me dis non ! Pas maintenant ! Ça serait trop con, du coup j'essaye de reprendre la bonne trajectoire en remettant un poil d'angle et finalement ça passera, bon le deuxième point de corde sera un peu loin mais l'essentiel est de rester sur la piste.

Le panneau FUEL, enfin ! Je peux rentrer au prochain tour… L'équipe est prête, béquillage, tape dans le dos, je descends de la moto, l'équipe ravitaille et Bilbo part pour le dernier relais.

À cet instant de la course, nous sommes 4e 600 à une toute petite poignée de secondes du 3e équipage. Le podium est donc bien à notre portée.

À quelques tours de la fin, Bilbo se trouve à moins de 10 secondes de la numéro 12, qui occupe toujours la 3e place en 600.

Il se bat dans un paquet de plusieurs motos qui roulent toutes sensiblement dans les mêmes (très bons) chronos, après 4heures de course, qui oscillent entre 1'55" et 1'57". L'écart varie d'un tour à l'autre et est d'environ une demi ligne droite des stands, c'est-à-dire pas grand-chose.

Nous encourageons notre pilote à chaque passage ! Il fera une belle série en 57" puis 55", preuve qu'il attaque, peut être trop puisqu'il finira par perdre l'avant dans le double droite en bout de ligne droite des stands à 3 tours de la fin, surement en retardant un poil plus son freinage et en gardant donc un peu plus longtemps les freins à la prise d'angle. Il repartira mais le podium s'est définitivement envolé. Heureusement, il ne s'est pas blessé et c'est bien là l'essentiel.

Nous ferons ce que nous pourrons pour le réconforter et le faire sourire, cela nous prendra du temps mais on finira quand même par y arriver. On sent qu'il en a gros sur le cœur et qu'il s'en veut.

Cependant aucun regret, au moins nous avons essayé d'atteindre notre objectif, certes ce n'est pas passé mais nous aurions peut être eu plus de regrets si nous n'avions pas tenté le tout pour le tout jusqu'au bout.

Après un rapide examen de la moto, nous nous sommes aperçus que le pneu avant était bien rincé au bout de presque 4 heures de course ce qui permet d'expliquer en grande partie cette perte de l'avant.